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Athlétisme et handisport : des passerelles à multiplier

Athlé Forme Santé
11/02/2025

Athlétisme et handisport : des passerelles à multiplier

A l’occasion du vingtième anniversaire de la loi handicap, deux clubs franciliens témoignent de leur expérience d’accueil de pratiquants de para-athlétisme au sein de leur structure.

Rencontre avec Antony Athlétisme 92 (club associé de l’Athletic Clubs 92) et l’AC Paris-Joinville (club associé de l’Entente Athlétisme 94).

La création d’une section para-athlétisme et l’accueil d’un public en situation de handicap

« La section handisport a vu le jour il y a une dizaine d’années au sein du club d’Antony Athlétisme 92. Le club possédait une volonté politique d’accueillir du public en situation de handicap et a recruté une entraîneure formée aux Activités Physiques Adaptées (APA), Aurélie Pedrola », explique Stéphanie Le Galloudec, présidente au sein du club alto-séquanais.

« En nous appuyant sur les moyens humains et les infrastructures mis à notre disposition, nous avons identifié quel public pouvait être accueilli et pris en charge. Notre section accompagne le public en sport adapté, présentant des handicaps psychiques et mentaux, mais n’accueille actuellement pas de personnes en situation de handicap moteur. »

« L’AC Paris-Joinville est affiliée depuis quatre ans aux Fédérations Française Handisport et Sport Adapté. Pour valider son affiliation, un club doit désigner un bureau et avoir au minimum un licencié porteur de handicap », précise Lucas Finet, directeur sportif du club.

« Plusieurs facteurs ont initié ces affiliations. Tout d’abord, l’ACPJ a accompagné l’athlète paralympique Bacou Dambakaté, habitant de Joinville, dans sa préparation pour les Jeux de Tokyo. Puis le club a eu l’opportunité d’accueillir Doumbé Sacko, un jeune autiste ayant une forte appétence pour la course à pied. Le garçon, qui ne trouvait pas de structure souhaitant l’accueillir, a été recommandé par son éducatrice lors d'une sensibilisation dans un IME (institut médico-éducatif). Il a rejoint le groupe forme santé loisir. Pour ces deux athlètes, et en accord avec les entraineurs, le club a opté pour une inclusion totale.

Ces initiatives ont donné une nouvelle orientation aux activités et permis d’accueillir un public handisport et sport adapté au sein de la même appellation « para-athlétisme ».

S’il manque encore quelques accès PMR au stade, le club est aujourd’hui capable d’accueillir toutes les typologies de handicap. Certains handicaps mentaux plus importants sont accompagnés par des professionnels en plus des encadrants. »

 

Les séances d’entrainement

« Les séances d’entrainements sont adaptées à l’âge, aux niveaux et à l’accompagnement spécifiques des différentes typologies de handicap.

À Antony, un groupe de sept enfants de 5 à 16 ans et un groupe de quatre jeunes de 16 ans et plus est encadré par Elisa Girard. Si le groupe des jeunes est en inclusion totale avec les valides, le groupe des enfants a besoin de calme et de routines écrites pour avoir un marqueur temporel. 

Le club compte des athlètes de haut niveau : Charles-Antoine Kouakou (médaillé d’or du 400m T20 aux Jeux de Tokyo en 2021) coaché par Vincent Clarico, ancien hurdler olympique, et Arthur Bellitto (en préparation pour les Jeux de Los-Angeles en 2028 sur le 1500m T20) entrainé par Thomas Rouyer, vice-président du club. Les deux s’entraînent en inclusion avec les groupes valides de leur spécialité », nous indique Stéphanie Le Galloudec.

« Cette approche inclusive leur permet de bénéficier d'un environnement d'entraînement stimulant, favorisant leur développement athlétique et personnel. En s'entraînant aux côtés d'athlètes valides, ils améliorent leurs performances et renforcent leur confiance en eux. Cette inclusion a sensibilisé les autres athlètes aux capacités des sportifs en situation de handicap, contribuant ainsi à une meilleure compréhension et à une plus grande cohésion au sein du groupe », approuve Vincent Clarico.

« À Joinville, le club propose aux jeunes handicapés mentaux de l’IME une séance par semaine, accompagnés de leurs éducateurs spécialisés.

Les athlètes handisports sont complètement intégrés aux groupes valides et suivent le plan d’entrainement classique. Des adaptations sont réalisées selon les exercices proposés », complète Lucas Finet.

Gilles Séchaud, vice-président du club Val-de-Marnais, ajoute « nous sommes fiers d’annoncer que Timothée Adolphe vient de rejoindre notre club, accompagné de ses guides Charles Renard et Jeffrey Lami. Avec ses trois médailles d’argent aux Jeux paralympiques (sur le 100m en 2021 et le doublé 100m – 400m en 2024), ce grand athlète, Joinvillais par ailleurs, est un modèle pour tous nos licenciés. Il y a du sens pour la ville et le club de l’accueillir pour lui offrir de bonnes conditions d'entrainement et lui permettre d’atteindre ses objectifs ».

 

Les structures spécialisées, d’excellents relais auprès des clubs

« Les clubs peuvent se faire référencer auprès des structures fédérales et des instituts médicaux du secteur. Localement le club d’Antony est également bien identifié auprès des services de la ville tel que le CCAS ou de personnes référentes aux handicaps », nous confie sa présidente.

« Depuis trois ans, l’AC Paris Joinville accueille toutes les semaines un groupe compétition et un groupe loisirs venus des IME de Saint-Mandé et Boissy-Saint-Léger. Un groupe supplémentaire s’entrainera la saison prochaine », poursuit Gilles Séchaud.

« Par ailleurs, le club a signé une convention avec APF France handicap de Joinville, le comité Paralympique et l’ARS afin de mettre en place des séances de para-athlétisme avec des adultes en situation de handicap moteur.

Enfin, l'ACPJ est labélisé Club Inclusif, certifiant que les entraineurs ont suivi des formations dans les deux fédérations et que le club est en capacité d'accueillir des adhérents en situation de handicap. »

 

Le meeting de Montgeron, l'intégration au coeur

« Chaque année, le club de l’ES Montgeron Athlétisme intègre deux épreuves handisports au programme de son meeting international », détaille Anne Tournier-Lasserve, présidente du club.

« Ces épreuves, mises en place en partenariat avec la Fédération Française Handisport, sont à destination des athlètes possédant un handicap physique (prothèses, amputés, paraplégiques, mal voyants, non-voyants…) afin qu’ils puissent se qualifier pour les grands championnats internationaux de leur discipline. Ces épreuves sont considérées avec les mêmes conditions d’accueil ou de reconnaissance que les autres épreuves du programme.

Le club accueille également chaque mercredi matin, depuis trois ans, une quinzaine de jeunes malentendants d’une école primaire de la ville. Nous avons ajouté à notre meeting une épreuve qui leur est dédiée. L’occasion de briller et de s’amuser, face aux encouragements de leur famille et du public.

Fort de ces expériences, l’ES Montgeron Athlétisme va ouvrir en septembre prochain une section handisport officielle pour permettre à des instituts spécialisés et des jeunes ou adultes handicapés de découvrir le sport, au contact des sportifs valides, avec les mêmes conditions d’encadrement à leur disposition. »

 

Qui pour encadrer les sections de para-athlétisme ?

Les encadrants bénévoles (sans carte professionnelle d’éducateur sportif)

Pour les bénévoles, la loi n’impose pas de contrainte particulière de qualification pour l’encadrement des activités physiques et sportives. Il est toutefois fortement recommandé de posséder une expérience significative dans l’activité concernée et une connaissance précise du public en situation de handicap.

Les bénévoles doivent assurer la sécurité de leurs interventions. En cas d’accident, la responsabilité civile et pénale du bénévole, tout comme la responsabilité civile du club, peuvent être engagées.

Il est donc fortement recommandé aux bénévoles de suivre une formation fédérale et d’avoir suivi une formation aux premiers secours.

Découvrir les formations proposées par la Fédération Handisport

Découvrir les formations proposées par la Fédération de sport adapté

 

Les diplômés professionnels ou d’Etat

Les brevets d’Etat d’éducateur sportif et les brevets professionnels permettent d’encadrer un groupe de loisirs accueillant un ou deux athlètes en situation de handicap.

Toutefois, il est recommandé de renforcer ses compétences en suivant une formation spécifique complémentaire :

  • Certificat de spécialisation « accompagnement et intégration des personnes en situation de handicap », délivré par l’Etat.
  • Certificat de qualification handisport (CQH) délivré par la Fédération Française Handisport pour l’encadrement de personnes en situation de handicap moteur ou sensoriel.
  • Attestation de qualification du sport adapté (AQSA), délivré par la Fédération Française du Sport Adapté pour l’encadrement de personnes déficientes intellectuelles ou atteintes d’un trouble psychique.

 

Pour pouvoir encadrer des groupes constitués uniquement de personnes ayant un handicap, un titulaire d’un BPJEPS doit obligatoirement être titulaire du certificat de spécialisation « activités physiques pour tous » (APT) et pour un diplômé STAPS, avoir la mention « Activités Physiques Adaptées » (APA).

Par ailleurs, il est obligatoire de posséder un certificat de spécialisation « accompagnement et intégration des personnes en situation de handicap » (en plus du diplôme professionnel ou d'Etat) pour encadrer contre rémunération un groupe uniquement composé de personnes en situation de handicap.

Pour connaître les prérogatives d’emploi et les limites des conditions d’exercice de la profession d’éducateur sportif associées aux principaux diplômes d’Etat permettant l’encadrement contre rémunération : cliquez ici


© photo : presse agency sport